Résumés

François Xavier Le Bourdonnec (Maître de conférences - Archéosciences Bordeaux)

Conférence introductive : Des Hommes et des pierres : sur les routes de l’obsidienne en Méditerranée occidentale.

 

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Ana ARZELIER (Doctorante à PACEA)

Transitions et échanges - Documenter les dynamiques biologiques et culturelles des communautés fermières néolithiques du Languedoc grâce à la Paléogénomique

Arzelier A.1 , Rivollat M. 1, 2 , De Belvalet H. 1 , Pemonge M-H. 1 , Binder D.6 , Convertini F. 3, 5, Duday H. 1 , Gandelin M.3, 7 Guilaine J.7, 8, Haak W. 2 , Deguilloux M-F. 1 and Pruvost M. 1

1 UMR 5199 De la Préhistoire à l’Actuel : Culture, Environnement et Anthropologie (PACEA), CNRS, Université de Bordeaux, 33615 Pessac Cedex, France

2 Max Planck Institute for the Science of Human History, Department of Archaeogenetics, Jena, Germany.

3 Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP), 75685 Paris Cedex 14, France

4 UMR 7044 Archéologie et Histoire ancienne: Méditerranée - Europe (ArcHiMèdE),

5 UMR 5140 Archéologie des Sociétés Méditerranéennes (ASM), CNRS, Université Paul Valéry Montpellier 3, 34199 Montpellier, France

6 Université Côte d’Azur, CNRS, CEPAM-UMR, 7264 Nice, France.

7 UMR 5608 Travaux et Recherches Archéologiques sur les Cultures, les Espaces et les Sociétés (TRACES), CNRS, Université de Toulouse II, 31058 Toulouse, France

8 Collège de France, 75231 Paris cedex 05

La France, au confluent des deux courants de Néolithisation, constitue un terrain d’étude idéal pour documenter de potentielles corrélations entre transformations culturelles et changements démographiques des populations au cours du Néolithique. Si la complexité des dynamiques culturelles est déjà bien étudiée au niveau archéologique, l’acquisition de données paléogénomiques peut apporter de précieuses informations sur les transformations biologiques accompagnant la diffusion de l’agriculture en Europe occidentale. La confrontation enfin possible des processus culturels et biologiques a ainsi récemment permis de pointer des scénarios contrastés entre les régions et les différents courants de Néolithisation, en terme d’échanges génétiques et culturels entre communautés.

Dans ce cadre, la structure génétique des groupes néolithiques du territoire français, ainsi que son évolution au cours du Néolithique pose question, et interroge notamment sur l’homogénéité biologique des communautés fermières, régionalement et diachroniquement, au regard de la géographie culturelle documentée dans le registre archéologique.

Du fait de l’importante variabilité régionale des processus d’interactions, les études à plus petite échelle représentent l’opportunité unique de documenter de façon fine et fiable les modalités d’échanges biologiques entre groupes culturellement distincts. L’intérêt de ce type de résolution sera ici illustré par la confrontation de l’évolution culturelle et génétique des groupes néolithiques de la région Occitanie à travers l’étude de 6 sites archéologiques du Languedoc, réunissant les génomes de plus de quarante individus datés entre 5500 et 2500 avant J.-C.

 

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Gabriel VIALATTE (Doctorant à Ausonius)

 Les dynamiques d’échanges dans le système agropastoral landais au Moyen Âge. Perspectives de recherche sur une économie rurale singulière.

Les caractéristiques du milieu landais tel qu’il était avant les grandes entreprises de drainage et de reboisement des XVIIIe-XIXe siècles imposent une adaptation particulière de l’économie rurale. Malgré la nature à priori inhospitalière de cet espace, les populations ont su y développer un système vivrier pérenne. Celui-ci repose essentiellement sur l’équilibre entre une culture intensive, concentrée autour de l’habitat, et un élevage en périphérie, permettant la fertilisation des terres agricoles sans rotation de culture. Ce fonctionnement-type est attesté pour l’époque moderne et semble aussi ressortir des sources de la fin du Moyen Âge. Cependant, la genèse de ce système agropastoral reste à appréhender.

La région des Landes de Gascogne a longtemps été considérée par les auteurs médiévaux et modernes comme un territoire désertique et hostile en marge du reste de l’Aquitaine. Cette vision stéréotypée, fondée sur la comparaison du milieu landais avec les terroirs voisins, pourrait nous laisser croire à une économie autarcique. Pour autant, l’étude des sources médiévales nous montre qu’il ne s’agit pas d’un espace isolé, bien au contraire. Le système agropastoral landais participe à une économie plus large, résultat d’échanges avec les espaces gascon et pyrénéen.

Les ressources produites ou naturellement disponibles, l’accès au littoral ou encore la présence des routes commerciales et de pèlerinage sont sources de nombreuses activités qui engendrent des contacts durables entre les Landes de Gascogne et le reste de l’Aquitaine.

 

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Célia SENSACQ (Doctorante à Ausonius)

Le forum dans les chefs-lieux de cités des provinces de Gaule romaine (Ier s. av. J.-C. — Ier s. apr. J.-C.) : un des symboles d’une collectivité incluse dans un réseau de relations à l’échelle du monde romain.

Le forum gallo-romain forme le cœur de la cité, c’est le lieu de convergence populaire. S’il n’est pas systématiquement central sur le plan topographique, il l’est en revanche sur les plans institutionnel, politique, économique et religieux. Cet espace plurifonctionnel est l’expression architecturale d’une collectivité incluse dans un réseau de relations à l’échelle du monde romain. Il est le berceau d’une multitude d’échanges et de contacts : c’est l’écrin architectural abritant les interactions essentielles à la population, à la cité et à l’Empire romain.

Une réflexion doit être menée sur la place et le rôle du forum au sein de ce réseau, plus particulièrement dans les interactions entre les chefs-lieux de cités des provinces de Gaule romaine et le pouvoir impérial. En effet, au cours de la réorganisation augustéenne de ce territoire nouvellement conquis, le forum apparaît dès la restructuration des anciennes capitales de cités et dès la création des nouvelles. Centre civique monumentalisé et élément essentiel du plan urbain, il est le symbole de la mise en place de l’administration impériale. Le forum serait donc un vecteur d’intériorisation et d’intégration des valeurs romaines dans la conscience collective d’une agglomération. Cette communication est l’occasion de s’interroger sur l’ensemble des contacts et interactions ayant permis ce phénomène, ainsi que sur la nature et les conséquences des relations et des échanges entre la population, la cité et l’Empire romain.

 

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Alexandre BODET (Doctorant à Archéosciences Bordeaux)

Les monnaies grecques et romaines en alliage cuivreux : une diversité applicable aux techniques de fabrication ?


Si la monnaie, objet permettant de calibrer et de faciliter les échanges entre populations, est aujourd’hui un objet du quotidien, ce n’était pas le cas durant l’Antiquité. A cette époque, la monnaie se présente sous plusieurs types d’alliages, composés d’or, d’argent ou encore de cuivre (comme le bronze ou le laiton). L’origine de la monnaie est établie à l’ouest de la Turquie actuelle, elle va alors se diffuser et également se diversifier rapidement dans le bassin méditerranéen. La grande diversité des monnaies en circulation durant l’Antiquité en termes de diamètre, masse, alliage, types et légendes, amène à s’interroger sur les techniques de fabrication, savoir-faire et leur transmission, partages entre populations A des échelles locales comme régionales.

Le projet FRAPPER MONNAIE, Métallurgie, production et quantification de la monnaie ancienne, financé par la région Nouvelle Aquitaine, a pour but de mieux connaître les différents procédés et techniques de fabrication des monnaies anciennes. Il s’agit par-là de tester des moyens innovants en les couplant aux méthodes traditionnelles de l’archéologie et de l’archéométrie. Tandis que les études existantes sur le sujet se sont jusqu’alors focalisées sur des techniques en particulier ou des cadres chronologiques précis. L’intérêt principal de ce projet est alors de pouvoir, pour la première fois, étudier et comparer les techniques de fabrication de monnaies issues d’un cadre géographique et chronologique très large. En effet, le corpus étudié comprend des échantillons du Vème avant notre ère au IIIème après notre ère provenant du pourtour méditerranéen (comme de Macédoine, d’Egypte, d’Italie, de Numidie ou d’Hispanie…).

 

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Dante PAREJA (Doctorant à Archéosciences Bordeaux)

Continuité et changements dans les traditions techniques de la céramique à Armatambo (Lima –Pérou) entre 1250-1530 AD.

La société Ychsma a été une des plus importantes civilisations andines ayant occupée la région de la côte centrale entre 900-1530 AD. Ce territoire comprend la vallée du Chilon, la vallée du Rímac et la vallée du Lurín, dans le département de Lima (Pérou). Entre 1470- 1530 AD, il a été conquis et placé sous dépendance étroite par l’empire Inca ce qui a permis aux élites locales de maintenir leur position et le contrôle de la population.

Notre projet aborde l’étude des traditions techniques de fabrication de céramiques provenant du site archéologique d’Armatambo, un des principaux sites associés à la société Ychsma qui l’a occupé entre la période Ychsma Moyen (1250-1350 AD) et Ychsma Récent (1350-1530 AD). Armatambo a constitué un espace géographique et culturel de communication et d’échange entre les différents sites côtiers associés à la société Ychsma.

Les premiers résultats obtenus grâce à l'observation macroscopique de fractures de tessons et au traitement de surface des vases, ont mis en évidence une continuité dans la tradition technique entre l’Ychsma Moyen et l’Ychsma Récent. Nous avons également effectué des analyses minéralogiques (pétrographie, XRD) et chimiques (ICP-MS) sur 65 échantillons correspondant à ces deux périodes. Les résultats de l’analyse ICP-MS ont révélé une variabilité importante dans la composition chimique entre les échantillons appartenant à l’Ychsma Moyen principalement pour les objets de type marmites. On peut ainsi supposer que durant l’Ychsma Moyen, les ateliers utilisaient différents types de matières premières pour la production de céramiques alors que pendant l’Ychsma Récent, le type de matière première s’est standardisé. La question reste de savoir si cette standardisation impliquait un contrôle renforcé de la production de céramique pour cette période.

Pour pouvoir apporter des éléments de réponse, toutes ces données doivent être comparées avec les analyses des productions céramiques des autres sites archéologiques de la côte centrale (Pachacamac, Aznapuquio, Mateo Salado, Maranga) et les analyses de terres argileuses issues des prospections géologiques dans la basse vallée du Rímac et du Lurín.

 

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Maëlle METAIS (Doctorante à Ausonius)

Les échanges entre les vivants et morts : l’espace sépulcral de la cathédrale Saint-André de Bordeaux à la fin du Moyen Âge

Le XIIIe siècle est marqué par la multiplication des sépultures sur lesquelles se développe la représentation du défunt. Cette nouvelle pratique du marqueur de tombe se conjugue à un changement de perception de la mort à travers le Purgatoire. Ce nouvel espace transitoire permet au défunt d’accéder au Paradis après une période durant laquelle il peut expier ses péchés. Ces changements jouent un rôle majeur dans la commande de monuments funéraires et participent à la création de nouveaux symboles qui se traduisent dans le décor. Le monument funéraire devient alors un élément-clef de la mise en scène du prélat, de sa communauté et de sa famille. L’emplacement, le type de tombe, le décor, constituent autant d’éléments révélant la mise en place d’une stratégie mémorielle. En effet, ces sépultures qui fleurissent dans les églises s’inscrivent dans une volonté de rappeler le souvenir du défunt aux vivants dont les prières lui permettent de réduire son temps au Purgatoire. Ainsi, par la présence de sépultures monumentales, les fidèles comme les ecclésiastiques peuvent intégrer le défunt à leurs prières. De plus, à travers la fondation de messes anniversaires, la communauté célèbre annuellement la mémoire du mort sur son tombeau. L’étude de l’emplacement des sépultures de la cathédrale Saint-André de Bordeaux permet d’éclairer cette relation entre les morts et les vivants, en révélant les usages sépulcraux de la primatiale d’Aquitaine. De plus, malgré le peu de vestiges subsistants, la présence d’une exceptionnelle peinture murale témoigne encore de la mise en scène du lien entre les vivants et les morts dans l’iconographie funéraire.

 

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Jean Paul LACOMBE (Doctorant à TRACES)

La nécropole de Rouazi-Skhirat du 5ème millénaire a.n.e. (Maroc) : remarques sur les regroupements « conceptuels » de sépultures...

Les recherches depuis 35 ans sur cette nécropole font l’objet de ma thèse (TRACES – UMR 5608) sous la direction de Thomas Perrin (codirection Bruno Maureille). L’essentiel de ce travail est représenté par l’étude anthropologique dans sa dimension biologique mais aussi culturelle, notamment dans la dynamique de son fonctionnement et de son organisation... La nécropole néolithique de Rouazi-Skhirat a été découverte en 1980 (fouilles Daugas et Sbihi-Alaoui), est le plus important ensemble funéraire connu du néolithique moyen du Maroc septentrional. Cet ensemble est composée de 87 tombes primaires et de 14 dépôts mobiliers, de 11 cranes isolés et de 3 sépultures découvertes depuis. Il se caractérise par une forte concentration d’immatures décédés avant l’âge d’un an. Malgré leur jeune âge, les corps sont intégrés à l’espace funéraire, certains bénéficiant d’artefacts peu communs pour des immatures (colorant rouge, perles en coquilles d’œufs d’autruche et en coquillage, hache polie, céramique). Cet ensemble funéraire se caractérise aussi par des « regroupements » de sépultures, que nous définissons sous le terme « d’unités conceptuelles ». La volonté de regroupement de corps est évidente et montre une « activité » intense de cette nécropole. Cet ensemble néolithique représente une opportunité unique de discuter de son fonctionnement tant au niveau de la composition de l’échantillon inhumé que de l’organisation spatiale. L’analyse du recrutement funéraire montre a priori une absence de sélection pour les individus immatures avec une représentation tout à fait compatible avec une démographie naturelle, ce qui est exceptionnel pour cette période.

 

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Daniel DA SILVA PEREIRA (Post-Doctorant - PACEA)

Network Analysis Applied to the Spread of symbolic productions during the Early Neolithic in Western Mediterranean

Daniel Peirera 1 , Solange Rigaud 1 , Claire Manen 2

1 Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), UMR5199 PACEA

2 Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), UMR5608 TRACES

We explore how connectivity affected two symbolic productions, personal ornaments and pottery decoration, during the Mediterranean Early Neolithic and how network structure impacted the diffusion of symbols and belief systems. We have applied Social Network Analysis to our datasets (39 archaeological layers with pottery data and 49 with ornament data) attributed to the Mediterranean Early Neolithic (Rigaud et al. 2018). By using refined absolute chronology, we have defined 3 main phases of the Early Neolithic diffusion: 1) the emergence of farming societies; 2) a period of cultural diversification and site densification; 3) a period of fixation of the settlement pattern and of a gradual loss of pottery decoration diversity (Manen et al. 2021) counterbalanced by an increase in personal ornaments diversity (Rigaud et al. 2015, Perlès and Rigaud 2021).

Networks were constructed for each two sequential time period sequences using the BR coefficient at a similarity threshold that allows for no disjointed nodes. The networks were created in the R software using various centrality indexes (degree centrality, eigenvector, clustering...). Results show significant differences between pottery decoration and ornament networks topology, suggesting that different transmission mechanisms ruled the circulation of the two cultural traits between communities. Moreover, the networks differ within each chronological phase of the Neolithic diffusion, suggesting that interaction patterns changed significantly over time. Pottery decoration networks show that at the end of the Neolithic, networks are highly consolidated, suggesting the movement of communities into geographically delimited areas. Personal ornament networks appear less structured, indicating that beads were widely shared and linked people with different cultural affiliations. The two symbolic productions express different degrees of cultural interaction and the adoption of common personal ornament associations over large areas can be seen as a social strategy to cooperate and spread within a territory already occupied by foraging communities.

Personnes connectées : 3 Vie privée
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